INTERVIEW INTEGRALE DE S. ROYAL SUR EUROPE 1

Publié le par SERAFINE

img013.jpgimg039.jpgSégolène Royal vient de faire son grand retour politique sur EUROPE 1, hier , 2O aout. En pleine forme, sans concession, elle a fait le procès du fou qui nous gouverne et nous emmène dans le mur. Avec une parfaite maîtrise d'elle même elle a montré les failles du système Sarko et proposé une autre politique, la politique élaborée dans le pacte présidentiel et approfondie pour tenir compte des urgences  imposées par la crise. Ségolène ROYAL est une Grande Dame de la Politique et le démontre chaque jour davantage, tant parce qu'elle est en avance sur la classe politique que parce qu'elle démontre, par la preuve, en Poitou Charente qu'une autre politique est possible, humaniste, au service de l'homme,comme le souhaitait JEAN JAURES. 

Thierry Guerrier : bonjour Ségolène Royal.

Ségolène Royal : bonjour.

Thierry Guerrier : merci de faire votre rentrée sur Europe 1 alors que vos vacances ne sont pas tout à fait finies, mais il est vrai que c’est le président de la République qui précipite lui-même un peu lecalendrier politique en convoquant ce matin à Brégançon une partie de son gouvernement. Pour vous aussi, c’est une urgence le redressement des finances publiques ?

Ségolène Royal : bien sûr, c’est une urgence pour tous les Français, non seulement le redressement des finances publiques, qui sont en effet en grande difficulté,mais aussi surtout la mise en place d’actions de relance économique et d’actions économiques justes. Moi ce que je souhaite c’est que le président de la République se rende compte une bonne fois pour toute que la France a besoin de réformes, et de réformes justes. Or que voit-on en cette rentrée scolaire ? D’abord que le bouclier fiscal est maintenu pour les grandes fortunes, et que parallèlement les retraites sont menacéesles familles n’ont jamais autant été endettées qu’aujourd’hui, et les prix de la consommation au quotidien augmentent, je voudrais citer par exemple par exemple la hausse des tarifs d’EDF de 3,4% en moyenne, ce qui est un vrai scandale. Je rappelle que l’ancien PDG, Pierre Gadonneix, qui avait annoncé une hausse de 20% sur 3 ou 4 ans, avait été débarqué d’EDF pour avoir fait cette annonce ; aujourd’hui, on est sur des bases très proches et les Français sont pris en otage par ces augmentations de prix. Nous avons au 1er juillet une hausse de tarif de la SNCF de 2,5%, et ça avait déjà augmenté de 3,4 % en 2009 ; une hausse du prix du gaz au 1er avril de près de 10% ... 

Thierry Guerrier : globalement, il y a une certaine stabilité des prix, là le gouvernement aujourd’hui est face à une autre difficulté, qui est une éventuelle mauvaise note financière pour la France, et il veut essayer de rassurer les marchés. Qu’est-ce que vous feriez aujourd’hui si vous étiez, demain par exemple,  à la place de Christine Lagarde, pour éviter que se creusent trop les déficits publics, au ministère des Finances ?

Ségolène Royal : d’abord, je ne rognerais pas sur le pouvoir d’achat des Français.Je crois que c’est par la consommation que l’on peut assurer une relance économique, et je viens de démontrer que le gouvernement fait tout le contraire. Ensuite, je crois qu’il faut relancer et aider les PME, qui sont à l’origine d’ailleurs du regain, du petit regain du taux de croissance en France, de 0,6%, mais observons que les Anglais font 2 fois mieux – 1,1% – et les Allemands 4 fois mieux avec 2,2%.

Thierry Guerrier : ce n’est pas une preuve de la réussite du gouvernement, cette meilleure croissance au 2ème trimestre ?

Ségolène Royal : non, je crois que c’est surtout une réussite des petites et moyennes entreprises, qui se battent pourtant dans des conditions extrêmement difficiles et je crois que la France aurait tout à gagner à accélérer la mutation écologique, parce que c’est dans les domaines de cette mutation écologique, de la création des nouveaux emplois, des nouveaux métiers, des énergies nouvelles, des véhicules électriques, que la France pourrait puiser les ressorts d’une nouvelle croissance écologique.

Thierry Guerrier : la pression des agences de notation, qui suscite la réunion d’aujourd’hui notamment, elle va donner un argument supplémentaire au gouvernement pour repousser l’âge légal de la retraite ?

Ségolène Royal : je ne crois pas, au contraire. Je pense qu’un pays qui doit être fort économiquement doit être soudé socialement. Et toutes les mesures, et toutes les réformes qui sont injustes, qui ne sont pas comprises par les Français, qui sont farouchement rejetées, parce qu’elles ne prennent pas en considération la nécessité, par exemple, de faire financer les retraites à égalité par le travail et à égalité par le capital, voilà quelque chose qui serait utile ; la nécessité aussi comme je l’ai dit tout à l’heure de remettre de la justice sociale, c’est-à-dire deremettre en cause le bouclier fiscal qui est maintenu pour les grandes fortunes. Et tant que Nicolas Sarkozy ne remettra pas ce bouclier fiscal en cause, les salariés refuseront d’adhérer à des réformes qui ne sont pas justes, et qui frappent aujourd’hui les classes moyennes et les catégories les plus défavorisées. Nicolas Sarkozy avait promis, souvenez-vous, de « travailler plus pour gagner plus » : avec la réforme des retraites, pour la même durée de travail, les retraites vont baisser, et donc les Français vont travailler plus pour gagner moins, alors qu’il y a des solutions. Aujourd’hui il faudrait mettre le capital davantage à contribution, il faudrait prendre en compte la pénibilité du travail, pour tenir compte de l’âge de la retraite. Donc il y a des solutions intelligentes qui pourraient être mises en place, et qui ne le sont pas parce que le gouvernement de Nicolas Sarkozy est arc-bouté sur les promesses qu’il a faites aux plus fortunés.

Thierry Guerrier : un mot encore sur l’aspect économique et social, il ne touche pas au bouclier fiscal, le gouvernement , mais il ne va pas non plus augmenter les impôts, c’est plutôt une bonne nouvelle ?

Ségolène Royal : ce n’est pas exact. Vous savez qu’aujourd’hui les communes et les mairies sont très, très inquiètes par l’augmentation de la taxe d’habitation, qui va frapper les Français là en cette rentrée, puisque la suppression de la taxe professionnelle va conduire à une réforme de la fiscalité locale et à une augmentation très importante de la taxe d’habitation. Donc ce n’est pas vrai, les Français ne sont pas épargnés en cette rentrée. J’ajoute, vous avez vu, que, au cœur de l’été, comme si il fallait agir au cœur de l’été pour passer inaperçu, le 3 août dernier, a été annoncée la suppression du crédit d’impôt pour les intérêts d’emprunt pour l’accès à la propriété, qui était une des promesses phares de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle. Ajoutez à cela la suppression du cumul entre l’aide personnalisée au logement pour les étudiants et la demi-part fiscale pour les parents, ce sont là aussi les catégories moyennes qui sont très durement frappées en cette rentrée, donc je crois qu’on a là une espèce de pagaille dans la politique économique et sociale, il faut y remettre de l’ordre, de la clarté, de la transparence, et surtout de la justice.

Thierry Guerrier : est-ce que vous avez le sentiment comme d’autres à gauche que cette réunion de ce matin à Brégançon, c’est pour en finir aussi avec la polémique sur l’insécurité ? Depuis Grenoble et la proposition d’Nicolas Sarkozy de durcir la déchéance nationale, on ne vous a pas encore entendue.

Ségolène Royal : vous savez, je crois que tous ces problèmes de sécurité sont très difficiles, et la polémique, la surenchère, cette agitation frénétique, qui est à la fois inefficace et même dangereuse, on sait ce que recherche Nicolas Sarkozy : il veut diviser la France en deux camps, c’est-à-dire ceux qui seraient d’accord avec lui et donc qui seraient pour la sécurité, et ceux qui ne seraient pas d’accord avec lui, et qui seraient pour les délinquants. Donc moi je ne vais pas tomber dans ce piège de la polémique, je voudrais rappeler simplement des faits extrêmement précis. Nicolas Sarkozy, il est en charge de la sécurité depuis 2002, c’est-à-dire depuis 10 ans. En 2002, il a fait voter 12 lois, 12 lois : la loi sur la sécurité intérieure, en août 2002, la deuxième loi sur la sécurité, etc.

Thierry Guerrier : on les a beaucoup évoquées sur l’antenne, mais vous, vous comprenez qu’il se soit senti obligé après Grenoble, après les multiples attaques contre les policiers, de donner un signal fort, d’envoyer un signal fort de l’Etat ?

Ségolène Royal : mais on n’a pas besoin de signal, on a besoin d’une politique juste, d’une politique efficace, d’une politique durable ; on a besoin de ce que j’appelle moi un ordre juste, une sécurité juste, pour qu’elle soit durable. Or qu’est-ce qui se passe aujourd’hui ? Il se passe qu’il y a eu 16% d’augmentation des agressions sur les personnes. Savez-vous combien de personnes sont agressées en France aujourd’hui ? 460 000 personnes sont agressées tous les ans, et 64 000 personnes de plus depuis que Nicolas Sarkozy est en charge  de la sécurité.

Thierry Guerrier : mais vous-même… vous-même vous savez mieux que quiconque à gauche qu’il n’y a pas de solution miracle. Vous avez été brocardée par vos propres camarades quand vous avez fait par exemple la proposition d’encadrer par des militaires les jeunes délinquants. Vous savez qu’il n’y a pas de solution miracle, que c’est difficile.

Ségolène Royal : mais il y a des solutions. On ne demande pas des miracles, on demande des solutions efficaces. Et je pense en effet que la gauche doit avoir une politique et avoir des propositions extrêmement fermes et extrêmement claires comme celles effectivement que j’ai faites, et auxquelles je ne renonce pas.

Thierry Guerrier : quand le président fait un lien entre délinquance et immigration et qu’il semble exprimer le sentiment d’une partie de l’opinion après les événements de Grenoble, quel est votre sentiment à vous ?

Ségolène Royal : mon sentiment c’est que ces types de déclarations sont à la fois inefficaces et sont surtout extrêmement dangereuses. Elles sont dangereuses parce qu’on voit d’ailleurs lesréactions dans tous les pays d’émigration, des réactions extrêmement choquantes, qui trouvent ce propos extrêmement choquant, ce positionnement de la France extrêmement choquant, je crois que ce sont des déclarations qui sont dangereuses parce qu’elles exacerbent les tensions d’une part, et un jour ou l’autre elles vont se retourner violemment contre les Français, contre les entreprises françaises même, et on voit germer dans les pays qui sont aujourd’hui des pays en voie d’expansion, des pays qui connaissent la croissance, des pays qui ont en effet à un moment envoyé leurs travailleurs en France pour contribuer à notre développement économique, qui aujourd’hui s’équipent, qui s’équipent en TGV, qui s’équipent en tramways, qui s’équipent en électricité, qui s’équipent en éoliennes, et qui font appel aujourd’hui aux entreprises françaises, attention, attention avec ces déclarations de Nicolas Sarkozy, attention avec ces déclarations qui sont si peu présidentielles et si peu « République Française », qu’un jour ou l’autre, et même assez rapidement si elles perdurent, que ça ne se retourne pas contre les entreprises françaises qui travaillent avec des pays qui en ont assez de voir stigmatisés leurs ressortissants qui contribuent à la politique économique française et au développement de la France.

Thierry Guerrier : avec la sécurité, attendez, je voudrais vous poser une question à propos d’2012, parce qu’on a le sentiment que le président là, a lancé un des thèmes de la présidentielle, et vous n’avez pas l’impression que le PS est un peu à la remorque du coup dans cette compétition ?

Ségolène Royal : il faut en effet que le Parti socialiste soit à la hauteur des attentes des Français, et notamment en effet des Français qui souffrent de l’insécurité et de la précarité, surtout, attendez, surtout que cette agitation frénétique de Nicolas Sarkozy vise à masquer son échec, son échec cuisant, et les reculs en matière de sécurité. Il a supprimé 9 000 postes de policiers et de gendarmes. 3 500 nouvelles suppressions sont annoncées pour les 3 ans qui viennent. Il a réduit les moyens de fonctionnement. Il n’a pas construit les centres éducatifs fermés pour les mineurs délinquants…

Thierry Guerrier : et vous ne regrettez pas qu’on ait peu entendu le PS cet été sur ces questions ? Par ailleurs les écologistes aujourd’hui ont l’air d’avoir un train d’avance eux aussi avec leurs primaires internes, la candidature d’Eva Joly, ce n’est pas dangereux, tout ça, pour le PS ?

Ségolène Royal : je crois que ce n’est pas un positionnement de savoir si c’est dangereux ou pas dangereux, le PS est au travail, il va là ouvrir les universités d’été de La Rochelle.

Thierry Guerrier : il ne faut pas accélérer les primaires par exemple ?

Ségolène Royal : comment ?

Thierry Guerrier : il ne faut pas accélérer les primaires, par exemple ?

Ségolène Royal : ce qui est important c’est que les primaires soient réussies. Et que soit présenté aux Français un projet qui leur permette de comprendre que la France mérite beaucoup mieux que ce qu’elle a, et un projet qui réponde aux problèmes que les Français vivent aujourd’hui et en effet des problèmes d’insécurité et des problèmes de précarité…

Thierry Guerrier : et vous, vous n’avez pas renoncé aux primaires ?

Ségolène Royal : vous savez moi je ne règle pas ces questions-là en 2 minutes au détour d’une question. Je crois que ce qui est très important c’est que les socialistes soient unis, qu’il y ait un dispositif gagnant qui se mette en place, et surtout qu’il y ait un projet qui permette à la France de se redresser, d’être à nouveau tirée vers le haut, parce qu’avec Nicolas Sarkozy la France est tirée vers le bas et beaucoup de ceux qui ont voté pour lui ne se reconnaissent pas dans cette façon de faire.

Thierry Guerrier : vous ne savez pas encore si vous serez candidate ou non à ces primaires ?

Ségolène Royal : je vous le dirais le moment venu.

Thierry Guerrier : merci Ségolène Royal.

Sarkozy à du souci à se faire. Sa politique est vouée à l'échec et il devra en payer les conséquences plus vite qu'il ne le pense  car:" dans tout pays où la nature fournit avec prodigalité aux besoins des hommes, la disette ne peut être imputée qu'aux vices de l'Administration ou des lois elles- mêmes; les mauvaises lois et la mauvaise administration  ont leur sourcedans les faux principes et dans les mauvaises moeurs..." Maximilien Robesbierre.

Ségolène Royal réclame un " ordre juste" qui seul peut permettre aux Français de retrouver l'équilibre nécessaire à une vie sereine et l'épanouissement que le socialisme de JARURES promet aux hommes et au femmes du monde.

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J
<br /> Merci... je l'ai mis sur mon blog (avec mention de la source ;-)<br /> <br /> <br />
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